Un Français
Quand on lit le synopsis, on pense à American History X.
Quand on voit le film, il n’y a qu’un seul moment où l’on pense au film américain : Quand Marco vole la cigarette de son père sous respirateur (il y a exactement le même plan avec Edward Furlong et sa mère).
Sinon pour le reste, c’est assez différent. Le film ne parle pas d’une rédemption. Le film parle de la colère. On suit le parcours de Marco. On le suit beaucoup. Et heureusement qu’Alban Lenoir, qui joue le rôle principal, possède la nuque la plus expressive du cinéma français; le film multiplie les plans séquences à la Steady Cam. On reste vissé derrière le crâne de ce skinhead qui retrouve de plus en plus ses cheveux. Le reste du casting est à l’unisson, juste et appliqué comme la mise en scène.
On sent que la colère dépasse Marco, que chacune de ses actions dans sa jeunesse est dictée par la violence de l’effet de groupe. Avec le temps, il se rend compte combien elle le ronge et combien elle a détruit la vie de ses proches.
On croise aussi ses amis, pendant la longue période du film qui commence fin 80 et qui se termine en 2012. On voit comment le racisme mute, s’intègre, rejette ses éléments les plus voyants pour mettre à la place une propagande plus pernicieuse et qui avance masquée.
Diastème, le réalisateur en fait les frais pour la diffusion de son film, avec cette ratonnade organisée qui sévit sur les commentaires des sites web info et cinéma. Il manque ce changement « numérique » dans les politiques et les discours de haine. Mais le reste du film nous permet de voir l’évolution et combien elle est intolérable dès lors que l’on n’est plus aveuglé par la colère.
Un film que l’on pourrait mettre avec La marche pour faire une soirée à thème. Un film positif face à un film négatif. Mais tous les deux révélateurs de leur époque et dénonçant le racisme.