WandaVision
Après avoir fait des séries de films, Wandavision est la première incursion du MCU (Marvel Cinematic Universe) dans l’univers des séries. Vous allez me dire « Mais non ! il y a eu Daredevil, Agents of SHIELD etc. » en capital et en gras en commentaire.
Laissez moi aller un peu plus loin dans mon raisonnement avant de poster des choses en gras, voire en lettres capitales, voire en gras et en lettres capitales. Si l’on a vu des personnages dans des séries, il est rare que les personnages récurrents de premiers plans des films se retrouve à être les personnages principaux des séries. Jessica Jones, Daredevil, Luke Cage et les autres Defenders ne sont jamais sortis au delà de leur série Netflix et leur histoire n’avait aucune influence sur les films. Idem pour Peggy Carter ou les Agents du Shield qui ont fait leur petit bonhomme de chemin sans développer des personnages majeurs des films.
Wandavision est donc un travail assez périlleux de faire suite à une longue série de films très connectés, prendre des éléments d’une série de comics déjà existante, de mélanger tout ça avec du mystère, des séries des années 50/60/70/80 et 90 pour faire revenir la romance de Wanda et Vision, un couple qui s’est développé hors champ depuis Ultron jusqu’à Infinity War. De plus WandaVision est officiellement le point de départ de toutes les intrigues de toute la prochaine phase du MCU qui doit se trouver un grand méchant après Thanos et de nouveaux enjeux.
Je n’aurais pas aimé être Jac Shaeffer, la scénariste en cheffe de cette série. De plus, dans une tendance où le pilote pose tous les enjeux, faire une série qui doit jongler sur plusieurs formes et thématiques : super héros, mystère, parodie de sitcom. J’imagine qu’il a été difficile de trouver un angle. Mais je pense que la solution de centrer tout autour de Wanda était une solution simple et sage. Cela permet enfin d’apporter un peu de nuance aux personnages monolithiques et sans reliefs que l’on nous présente dans les films. On sent aussi que les comédiens (Elisabeth Olsen et Paul Bettany en tête, même si je trouve tous les rôles assez bien écrits et joués) ont pu s’amuser à jouer dans différents registres.
Pour moi, le développement de la série autour de Wanda et ses émotions tient bien la route et me rappelle qu’Elisabeth Olsen (la plus talentueuse des trois soeurs) est une grande actrice, souvent sous exploitée (je vous conseille de voir Martha Marcy May Marlene en cas de doute).
Je n’aurais pas aimé être Matt Shakmann, e réalisateur de cette série. Devoir faire un premier épisode avec la manière de filmer des sitcom des années 50 avec un vrai public et des caméras qui font « époque », de mixer les qualités, les ratios d’images, des effets spéciaux discrets aux plus exubérants sur la fin. Il y a des qualités visuelles assez folles dans la série et ça n’a pas été aussi simple que de mettre un filtre noir et blanc sur certains épisodes. Je sais que ce n’est pas accessible à tous et que j’ai la chance de pouvoir voir les épisodes sur une bonne télé. Je trouve que la série possède de grandes qualités techniques. D’une manière générale, si vous le pouvez, ne regardez pas ce type de série sur un smartphone ou un petit écran (vous passerez à côté de tellement de détails importants…).
La série m’a happée, dans son format épisodique court mais avec une densité de thème et de détails qui ont mis mon cerveau en ébullition (avec le support des vidéos de Captain Popcorn pour completer mes connaissances sur l’univers des comics ).
On peut regretter (comme souvent chez Marvel) l’absence d’un antagoniste fort (du moins mieux développé), la présence de personnages invités juste pour le fan service et des trames de scénarios vite expédiées ou passées sous silences qui laisse un goût de pâtes sans fromage lors du dernier épisode, un peu trop « film Marvel générique » selon moi, alors que c’était un sans faute.
Je trouvais, jusqu’à l’épisode 9, le dosage assez subtil entre les genres, assez novateur dans les techniques de narration et les techniques de mise en scène (voire de narration par la mise en scène : il n’est pas rare que le visuel nous introduise des éléments qui seront développés ensuite et qui donneront du sens aux événements).
Aussi, je ne veux pas être trop sévère et ne juger tout le plaisir que m’a donné cette série seulement par le ressenti du dernier épisode.
Ce dernier me semble
- soit rushé pour y mettre le reste du budget effets spéciaux et remettre des éléments plus « MCU » dans ma version pessimiste
- soit amputé pour des notions de calendrier et d’annonces quant aux films à venir dans ma version plus commerciale
- soit coupé pour recentrer la série autour de Wanda Maximoff et pour explorer la complexité du personnage afin de le développer ainsi dans les futurs films dans ma version plus optimiste et artistique
On ne saura peut être jamais pourquoi cet épisode 9 semble vouloir fermer des portes rapidement au lieu de les laisser entrouvertes pour de futurs rebondissements. Mais on sait que cela va générer une infinité de mondes en folie comme ce qui attend le Docteur Strange lors de sa seconde aventure dirigée par Sam Raimi.
Mais au delà de toutes les considérations autour de l’Univers de Marvel au Cinéma, j’ai été content de voir un personnage féminin qui prend le temps de se développer, de donner de la cohérence à des mystère, d’avoir cherché des théories et des informations chaque semaine, d’avoir un rendez-vous avec Paul Bettany et Elisabeth Olsen (je te vois aussi en train de penser : encore une rousse…) chaque vendredi avec mon repas du midi, à décortiquer chaque plan et chaque réplique, chaque fausse pub, chaque référence à un élément de la pop culture. Ca ne sera pas une série mythique sur le long terme, mais elle donne un souffle, une manière de racontée et des moyens qui, je l’espère, pourront être repris ailleurs et développés. En 2021, après une crise qui met à mal la créativité dans le divertissement, je salue les prises de risques narratives et formelles du projet (qui me semble être supérieur ici que la logique commerciale d’autre films ou séries à venir).