
Alpha
J’ai tout de suite accroché au style de films que fait Julia Ducournau. Elle semble s’investir beaucoup dans son travail et l’on devine cette passion à l’image.
Si Grave et Titane étaient des films plus choquant et percutant, Alpha me semble plus poétique et moins littéral dans son approche. Ce que je regrette par moment.
On a un film qui parle de la mort qui plane, braque une lumière sombre, détoure une part d’ombre autour des vivants.
On sent que le film a été très réfléchi et malheureusement trop. Certaines parties de l’histoire, pourtant centrales voire importantes, disparaissent. Il y a plein de bonnes idées et on sent que le puzzle ne s’emboite pas bien, qu’il y a des pièces en trop.
Au lieu d’avoir une image reconstituée « baroque » comme dans Titane, dans Alpha il semble avoir des trous thématiques et narratifs (selon moi).
Je préfère Grave pour son histoire plus directe
J’ai un peu le même sentiment quand je vois Alpha et Titane : On commence le film avec le point de vue du personnage principal (souvent jouée par une jeune comédienne très talentueuse).
Ensuite
- Dans Titane, dès que le personnage de Vincent Lindon entre en jeu, le film bascule vers sur son regard et cela devient une autre histoire, un autre narratif (même dans la mise en scène, il y a cette bascule)
- Dans Alpha, j’ai été très perturbé par le va-et-viens permanent entre le point de vue d’Alpha et sa mère (toujours impeccable Golshifteh Farahani). On a l’impression d’avoir des lunettes inconfortables, avec lesquelles il est impossible de faire le focus.
Le film porte le nom d’un personnage dont les enjeux sont à chaque fois éclipsé par ceux de la mère. Il y avait, pour moi, deux histoire différentes à raconter. Si la réalisatrice avait choisi l’un de ses deux points de vue, j’aurai mieux aimé le film.
Ca reste un film imparfait mais intéressant, avec de la poésie, des actrices et acteurs investis et des pistes de réflexions sur les thématiques de la maladie et du deuil, voire sur le film en lui-même.