Le Consentement
Il s’agit d’un sujet difficile et je déconseille la lecture de cet avis voire le visionnage du film aux personnes sensibles.
Je vais, par pudeur, éviter les jeux de mots et petites blagues d’écritures qui me servent à alleger mon ressenti.
De toute façon, il n’y pas d’allègement à avoir : les crimes de Matzneff ne peuvent pas être allégés. Le film le montre, ça a déjà été fait, par le passé, dans la sphère médiatique, politique, dans le milieu littéraire.
Le film montre bien aussi l’emprise que l’on peut avoir sur les gens, en les subjuguant, les manipulants. Matzneff était un homme de mots, il savait les utiliser pour adresser toute la violence qui l’animait, envers les femmes et les enfants.
Jean Paul Rouve est glaçant, réutilisant les mots, les gestes et le physique de cet homme qui a fait tant de mal. Kim Higelin montre bien la fragilité de Vanessa et son incompréhension face aux réactions de son entourage (qu’ils veulent l’aider ou la rabaisser).
Vanessa Filho utilise une camera sombre et adaptée à la gravité du propos. Je n’ai pas lu le livre de Vanessa Springora malheureusement, je ne peux pas vous dire si c’est une bonne adaptation.
On ne parle pas d’une « autre époque », mais d’un manipulateur qui a utilisé le discours de la libération sexuelle (important pour les femmes et les communautés LGBT) pour justifier ses penchants narcissiques.
Je n’ai pu me retenir de ressentir du dégout pendant tout le film pour l’antagoniste (à qui je refuse le terme de monstre, pour ne pas le sublimer en tant qu’être en dehors de la nature : c’est un petit homme qui s’est toujours caché derrière des excuses, écrasant l’existence des enfants et des femmes pour se sentir plus grand), de la tristesse pour Vanessa qui n’a jamais été soutenue, écoutée par les personnes qui l’entourait. On voit bien que ce n’est pas sa faute et que c’est le prédateur choisit toujours une proie isolée.
J’espère que le livre et le film aideront les personnes à trouver un moyen pour exprimer cette emprise, toujours légitimée par une société qui donne des médailles arbitraires à ceux qui sont déjà dans la lumière et peu de crédits pour les gens, en coulisse, qui souffrent.