Cinéma  En salle

Nope

En terme d’attentes pour Nope, j’étais mitigé. Jordan Peele avait un bilan équilibré.

Un film que j’avais trouvé génial : Get Out. Un film que j’avais trouvé très nul malgré des qualités visuelles : Us.

C’est donc de manière attentive que je suis allé voir Nope. On a ici un film d’invasion dans un ranch d’éleveurs de chevaux. Si Get out avait un message sur les apparences de la tolérance, Us un message sur les rancoeurs et les colères enfouies dans la société américaines, Nope parle plus largement du cinéma.

On a des hommages à Signs, à Akira, à Carrie voire Shining. C’est un film extrêmement beau. Il saura faire des beaux clins d’oeil aux plus cinéphiles. Une belle image, de bons acteurs, ce sont des qualités que l’on pourra mettre en avant.

Mais, comme pour Us, je ne suis pas rentré dans le film. Il y a un truc au montage et un truc avec les personnages qui ne marchent pas pour moi.

Je ne comprends pas l’introduction de la soeur (à quoi sert ce personnage). On aurait pu la fusionner avec le Geek (quitte à la féminiser pour garder Keke Palmer) sans que cela change le récit. J’ai du mal avec leur motivation : ils découvrent un vaisseau extraterrestre, qui visiblement bouffe des gens – c’est dit dans les premières minutes du film – et au final, l’objectif, c’est d’avoir des images pour les revendre. Et que dire du proto Werner Herzog. Le décès du père au début du film ne sert presque à rien et ne donne aucune profondeur au personnage de Daniel Kaluuya (pourtant très bon). Je trouve les réactions de tous les personnages très pratiques pour le scénario, jamais pour de vraies personnes (qu’elles soient en galère de thunes, à la recherche de la célébrité, ou pas).

Quant au montage, comme dans Us, il n’y a aucune tension, aucun moment où l’on craint pour les personnages. Le film possède même, à mon sens, possède 1h40 de trop. Ca aurait vraiment pu commencer dans la dernière demi heure, en tant qu’épisode de la Quatrième dimension. Les scènes d’exposition ne nous apprennent rien : ni sur les personnages, ni sur leur motivations plus profondes, ni sur leur nuances.

A noté aussi, un vide musical : il n’y a aucun thème original marquant. La musique est vraiment au second plan.

C’est peut être ce que je reproche à Jordan Peele pour le moment : c’est de ne jamais utiliser pleinement les outils du cinéma en privilégiant certains aspects et en oubliant la cohérence de l’ensemble.

Je pense que, pris séparément, les images et le scénario, possèdent plein de bonnes choses :

  • Je crois sincèrement que le scénario de Nope ferait un bon bouquin.
  • Je crois sincèrement que les images et la mise en scène (et le design de l’Alien) sont vraiment de qualités et sortent de l’ordinaire.

Mais les deux ensembles n’arrivent jamais à me transporter au delà de mon résumé mental que je me suis fait en milieu de film : celui de personnages fauchés, prêts à tous pour se faire du blé en photographiant l’anus d’un Alien.

Je trouve pour l’instant, que le cinéma de Peele reste trop sur des concepts, est trop superficiel, comme du M Night Shyamalan à la mauvaise époque (pour moi de Signs voire de Old récemment), où la forme et le concept sont mis en priorité, en sacrifiant l’empathie et la construction des personnages et un montage amorphe qui désamorce la moindre proposition de tension.

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