Matrix Resurrections
C’est forcément une drôle d’idée que de relancer Matrix. On sait que la Warner essaie de capitaliser sur ses licences et que le projet Matrix 4 allait se faire avec ou sans les Soeurs Wachowski.
On peut penser que le film serait un projet opportuniste, un brin cynique. Il doit l’être, en partie, comme Matrix 1, 2 et 3, mais toujours avec cette ambivalence de faire une oeuvre mettant en avant la contre-culture.
Après plusieurs tentatives, je me dis que les réalisatrices originelles ne voulait pas que leurs personnages et leur univers évoluent sans eux.
Je pense aussi que le retour de Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss est dû au fait que Lana et Lilly seraient sur le projet.
Si Lilly a décidé de se tenir à l’écart de la réalisation, on embarque, au passage, David Mitchell sur le scénario (l’écrivain de Cloud Atlas), ce qui m’a rassuré sur la teneur de ce projet.
Parce que l’on peut reprocher un tas de chose à Matrix Resurrections mais pas de manquer de coeur : on sent que Lana Wachowski a posé ses conditions pour pouvoir écrire la suite qu’elle voulait, dans les conditions qu’elle voulait.
Pour le coup, ce n’est plus un film des Wachowski mais un film de Lana. On retrouve donc son évolution depuis la première trilogie et ce Matrix 4 se teinte de Cloud Atlas et de Sense 8.
Ca n’en fait pas un film aussi réussi que Matrix 1 : il n’est pas ce point fixe dans le temps où l’on retrouve tous les trucs cools des années 90 avec une dose de philosophie et de contestation.
En cela Matrix Resurrections ne propose pas le côté innovant techniquement et la fluidité des scènes d’actions de l’époque.
Le scope s’est déplacé : à l’exemple de la direction photo qui enlève ses artifices numériques et fait la part belle à l’éclairage naturel. On a une histoire qui se resserre autour des personnages et de leur motivation. Le film s’analyse lui-même : Certains dialogues ou certaines métaphores visuelles donnent les clés sur le film.
Les trois premiers Matrix parlent d’une guerre. Matrix Resurrection parle de paix et de sentiments.
Le film possède une mise en image très belle et des trouvailles visuelles à effet pratiques (comme la pluie qui ruisselle sur les murs dans le plan inversé introductif).
On a plaisir de retrouver l’alchimie entre Carrie-Anne Moss et Keanu Reaves. J’ai accroché au reste du casting assez rapidement.
Je ne vous en dis pas plus, car cela vaux vraiment le coup d’y aller de manière vierge. Si vous avez un certain affect pour la trilogie Matrix, les Animatrix, Cloud Atlas et Sense 8, je pense que le film vous plaira. Si vous y aller uniquement pour de l’action et de la musique cool : il y en a, mais pas autant que dans les films précédents.
Je sais que le film va polariser, que l’on va lui prêter des intentions mercantiles, mais j’ai vraiment ressenti des frissons et j’ai vécu des moments prenants tout au long du film.
Bien sûr, mon jugement doit être biaisé entre la nostalgie, l’importance que Matrix possède dans ma vie, des réflexions philosophiques que la première trilogie m’a données et je ne suis pas la personne la mieux placée pour être objectif sur ce film.
Mais il s’agit d’un film qui met en avant l’importance des sentiments, il m’est difficile d’avoir un éclairage sombre et un avis cynique. J’aurais autant de plaisir à le revoir que les autres épisodes.