Cinéma  En salle

Joker

C’est difficile de trouver le bon angle pour en parler.

Je ne comprends pas le projet : faire une origin-story (une histoire qui raconte les débuts) sur le Joker, c’est enlever une partie du mystère, de ce qui fait la force d’un personnage. Ce qui rend le personnage intéressant dans les autres pans de sa mythologie (en film, en comics, en série d’animation), c’est l’absence de certitude sur son identité.

Je ne comprends pas Todd Phillips, réalisateur de Starsky et Hutch, de Very Bad Trip, de Project X. C’est étrange de voir un projet porté par un réalisateur dont les ambitions sont assez loin d’un Burton, d’un Nolan, d’un Snyder (qui ont une vraie empreinte sur la mise en scène et la mise en image de leurs films).

Je ne comprends pas DC / Warner. Si Marvel met l’accent sur la production et les scripts, DC a toujours mis les héros dans les mains de réalisateurs confirmés : Christopher Nolan, James Wan, Zack Snyder, Patty Jenkins. Ca ne donne pas toujours de bons films, mais ça donne une certaine empreinte. C’est pour ça que la réunion de tous les héros DC semble impossible : chaque personnage est le jouet d’un réalisateur. L’échec de Justice League était prévisible dans le sens où l’on voulait mettre en commun, des Legos, des Duplos, des Playmobils et des Mecanos pour que tout le monde joue ensemble. Je ne dis pas que Marvel fait toujours des bons films, mais on sent l’implication et la supervision de Kevin Feige (le producteur) pour assurer une cohérence de l’univers. Quitte a faire des films plans-plans, sans ambition visuelle ou artistique, reposant sur le genre de la comédie d’action.

Et pour le rôle titre : après Nicholson, après Mark Hamill, après Heath Ledger, après Jared Leto, on a Joaquin Phoenix, un autre acteur talentueux, que l’on voit principalement dans des films d’auteur, se perdre dans la folie « film de super héros » (si cette catégorie a eu un vrai sens un jour)

Sur le papier, il y a tout ce que je ne veux pas voir au cinéma : un projet opportuniste avec un réalisateur généralement peu inspiré avec un bon acteur sur lequel tout le projet repose.

Une fois projeté sur grand écran, on a un très bon film.

Dès le générique (et ça fait longtemps qu’un film n’a pas une belle scène d’ouverture), on sent que le projet va nous amener vers quelque chose de différent. Les plans, les cadres, la photo, la typo : le film est TRES beau. A aucun moment, on se dit que c’est un réalisateur « de comédie » qui filme. Ca met à mal la « politiques des auteurs » qui se doit de donner une cohérence à la filmographie des réalisateurs (qui existe, mais qui ne se confirme pas pour Phillips).

Pour la Warner / DC, on peut clairement signer la fin d’un univers étendu et se dire que chaque film est un « stand alone » sans lien avec les autres films utilisants les mêmes personnages. C’est un Joker très différent, c’est une vision du personnage. C’est celle de Todd Phillips et de Joaquin Phoenix. Je ne vois pas comment se personnage peut exister en dehors de ce film.

Joaquin Phoenix s’est donc beaucoup investi, comme toujours, comme tous les autres incarnations du Joker. Je trouve le débat assez stérile de « comparer », de « définir le meilleur », même si je comprends l’idée. Pour moi, les Jokers ont des fonctions différentes et sont des éléments d’univers très différents.

Le film Joker est centré sur ce personnage. Il n’est pas opposé à Batman, il n’est pas un chien fou qui court après une voiture, il n’est pas un élément manichéen dans une bataille entre le bien et le mal. C’est l’histoire d’un homme, qui est laissé pour compte, dans une société où l’apathie voire l’antipathie sont devenus la norme.

Le film laisse le spectateur projeter ce qu’il veut.

Je ne vois pas un film de super héros, je ne vois pas un film politique (malgré la récupération de certains), je vois un film sur la folie, sur la part sombre qui émerge. On a vu beaucoup de films qui expliquent pourquoi Batman est devenu Batman, de manière plus ou moins réalistes. Joker donne des pistes pour comprendre comment un homme peut sombrer, finir submergé par les eaux sombres qui finissent par remplir le cerveau.

Je n’ai pas lu d’autres critiques ni d’interprétations après coup (et je ne veux pas vous influencer). Mais, ce qui m’intrigue, après le visionnage, c’est de déterminer « quelle est la part de la vision du personnage qui est représentée à l’écran ? ».

J’espère que le film touchera autant le public que la critique, qu’il ne sera pas non plus trop mal interprété par certain (même si le film demande un certain travail du spectateur).

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