120 Battements par Minute
Alors, ça va être difficile de parler de ce film.
Il traite beaucoup de sujet : le militantisme avant internet dans les années 90, la prévention du SIDA dans les années 90, le traitements des malades dans la société, le cynisme de l’industrie pharmaceutique.
Tous ces messages sont importants et sont super bien développés.
Alors, il faut garder à l’esprit que le SIDA reste une maladie mortelle aujourd’hui encore, toujours active et sans remède, qu’elle exclue les malades et que, même si des traitements permettent de prolonger l’expérience de vie, les effets secondaires restent terribles.
Pour mon ressenti, de vieux pas vraiment vieux mais ados dans les années 90 : dans ma jeunesse, j’ai toujours eu conscience de la gravité du SIDA. A l’école, dans les émissions de radio où la parole était libre (mais taxée de racoleuse, il est vrai), le SIDA était déjà présent sur toutes les lèvres et on savait que ça ne touchait pas que les homosexuels et que tout le monde était concerné. Dans mon entourage, en province, en tout cas.
Aussi, j’ai un peu de mal à voir uniquement des réactions hostiles aux militants (même si le film montre aussi des profs, des élèves, des pouvoirs publiques bienveillant).
Act Up a bien fait avancé la cause, autant que le SIDAction, que la capote à 1 euro, le baiser de Clémentine Célarié à un séropositif. Des actions certes plus consensuelles en terme de messages mais qui ont eu un impact auprès du public aussi important.
Le film est bien plus intéressant dans son combat contre les labos. Toute cette partie et toute cette réflexion sont hyper intéressantes. Il y a aussi l’aspect de l’évolution du mouvement : de ses débuts avec peu de monde à des réunions dans un amphi bondé, sur les divergences d’opinions sur la façon de mener le combat.
De même, j’ai un peu de mal avec le traitement inégal des personnages. Je trouve le film assez injuste sur le traitement de certains (des personnages disparaissent sans grand émoi, d’autres sont mis de côté pendant un grand pan du film pour ressurgir à la fin).
Si je trouve le film techniquement, très bien joué, très intéressant dans ces points de vue, très pertinent, très poétique par moment, je le trouve mal construit : en voulant traiter beaucoup de points, il manque un équilibre. En mélangeant le style documentaire et une narration d’histoire d’amour classique, je me suis sentis perdu.
En fait, à l’image des scènes de boites de nuit, très factices, à aucun moment je n’ai senti le monde vivre autour des personnages. J’ai eu l’impression que le monde, la vie se limitait aux protagonistes dans l’ensemble du film.
Alors ce n’est pas un mauvais film, ça reste un moment important, je me répète, mais je n’ai pas été transporté comme beaucoup.
Parce que ce film qui parle en partie de ma génération ne me parle pas. Il reste cependant un message pour la génération actuelle et sur les combats qui doivent continuer à être mené.