Rogue One : A Star Wars Story
Attention petit lapin, en lisant cette review, tu peux te faire spoiler très très fort !
Certains éléments de la bataille finale sont expliqués ici pour défendre mon point de vue. Et ça pique un peu 🙂 .
Si tu n’as pas vu Rogue One : Va le voir parce que c’est un bon divertissement, très beau, bien filmé, bien joué hormis 2, 3 trucs nuls… d’où les spoilers.
Rogue one représente une étape car c’est un film qui s’est enfin affranchi du créateur de la Saga et qui est confié par un ancien du cinéma indépendant (voir Monsters )
Le film se démarque donc par plein d’aspects : Le film est super beau. Visuellement, la direction artistique va loin. Elle propose une ambiance, un visuel, un ton pour chaque planète visitée. Et vous allez voir du pays, le film trace plusieurs histoires, plusieurs personnages en parallèles, réunis par l’héroïne qui est un super personnage, qui attire à elle des bons protagonistes nécessaires à l’intrigue.
C’est très joli, très bien filmé, avec des plans vraiment intéressants techniquement. C’est un des plus beaux films Star Wars.
Après le film, pour moi est en deux parties. Une que j’ai aimé, une autre beaucoup moins.
La première partie est bien rythmée, pleine de surprises et d’humour, encore une fois incroyablement belle et avec une ambiance assez réussie. Un exemple : J’aime bien ce qui se passe à Jedha où la Force ressemble à une espèce de mythologie oubliée, presque du charlatanisme, où les arts Jedi sont devenus des croyances appartenant à un folklore désuet.
La dynamique des personnages marche bien et c’est plutôt cohérent.
J’ai un ami qui m’a annoncé qu’il y avait un manque de background. Pour les personnages principaux, il y a ce qu’il faut. Je trouve même que certains sur-expliquent leur personnalité alors qu’on s’en fiche un peu (je suis comme ça parce que bla-bla… les ewoks m’ont marché sur le pied gauche… toussa… il fait chaud à Tatouine… patin, couffin… etc). Pour moi, ce n’est pas un manque de background, c’est un manque d’ellipse. Mais j’y reviendrai d’un point de vue plus général à la fin.
Pour les personnages secondaires, je suis aussi pour avoir un peu plus de mystères et moins d’explicite. Alors, c’est sûr, quand on a au casting Mads Mikelsen et Forrest Whitaker, on a envie de les utiliser, mais il ne faut pas gonfler leur rôle avec du vent, sinon ça se voit qu’ils ne servent que de têtes d’affiche.
Le dernier quart du film est ce que j’appelle « la deuxième partie » : la bataille finale où ça devient un peu la fête du Stormtrooper en String à Malibu Beach. Et c’est là où ça spoile…
Entre les gentils légèrement crétins :
- ceux coincés sur la planète : « faut qu’on prévienne les gentils vaisseaux pour qu’ils cassent le bouclier en envoyant un message pour que l’autre message plus important passe »
- ceux coincés en dehors de la planète : « faut qu’on casse le bouclier pour aller récupérer les plans »
c’est bon : vous avez le même objectif ! Déjà que cette partie est compliquée pour rien, ce n’est pas la peine d’ajouter deux fois le même objectif montré au travers d’une dizaine de points de vue différents dont les 3/4 complètement introduits à la dernière minute…N’est ce pas Red Leader ? Complètement d’accord Blue Leader !
Avec les méchants les plus incapables du monde :
- Allons faire un tour sur la plage avec toute notre escouade et laissons notre-base-de-données-qui-contient-les-plans-de-notre-arme-secrète-et-notre-grosse-antenne-émettrice-qui-peut-envoyer-des données-dans-tous-l’univers (ouf, respirez) sans protection.
- Du coup au lieu de se faire tirer dessus comme des lapins, suffisait de casser la grosse antenne sur le toit de la bibliothèque et « youpi ! on a gagné », pas la peine de faire venir l’Etoile Noire… mais personne n’écoute ROG2R, le droid de la compta, expert en stratégie militaire.
Et donc cette bataille finale, un peu interminable, un peu sans enjeux (parce que « hey vous vous souvenez des héros de Rogue one dans Star Wars 4 ? Non ? Ben c’est normal ») m’a fatigué parce que l’on sait par avance comment ça va finir.
Un des points que j’ai appris cette année grâce à Chroma de Karim Debbache, c’est la notion de Diégèse.
Rogue One est, pour moi, un bon film mais c’est un pari difficile pour Disney : Rogue One n’enrichit pas l’univers de Star Wars comme le ferait les dessins animés Clone Wars ou Star Wars Rebels.
Il ne fait que compléter des éléments évoqués dans Star Wars 4. Comme ils n’étaient qu’évoqués, ils appartenaient à notre imaginaire, nous avons du imaginer une bataille épique pour que les rebelles, l’Alliance récupèrent les plans et les donnent à la princesse Leia. Cette super bataille faisait partie de notre diégèse, on avait construit mentalement un morceau de Star Wars.
Star Wars est un formidable univers où chacun peut construire ses aventures. Quand j’étais dans la file d’attente du film, chacun avait ses oeuvres de références sur les Jedi, sur les Sith, sur Bobba Fett. Les histoires autour de Star Wars ne manquent pas. Il y a bien des aventures à raconter.
Ma crainte est que Disney puise jusqu’à en tarir la source. Ce qui plait dans Star Wars, c’est que dans cet univers vaste, « il y a très longtemps, dans une lointaine galaxie », je peux y raconter ce que je veux. Et chacun des fans y trouve un peu de son univers. En expliquant tout Disney risque de déposséder les fans de cet univers.
Mettre en image des passages évoqués par les autres films ne doit pas être, pour moi, la ligne des scénarii à venir pour Disney : le passé de Han Solo est mystérieux, il doit le rester. C’est ce que je reprochais déjà aux épisodes 1, 2 et 3. Dark Vador est un méchant icônique à cause de son mystère. Vouloir nous expliquer l’origine de ce personnage n’était pas du tout intéressant selon moi. Enlever le mystère, c’est enlever la part active des spectateurs à construire cet univers.
Donc, j’ai fait long mais ce qu’il faut retenir : Rogue One est un bel objet de cinéma, un bon film, beau, techniquement super. Vous passerez forcément un super moment. J’ai moins aimé la bataille finale car trop longue, pas assez humaine, pas assez intelligente. Ma réserve vient plus de la vision à long terme de Disney, sur la façon de comment faire vivre Star Wars en tant que franchise quasi annuelle, sans déposséder les fans de cet univers.