Cinéma  En salle

Toni Erdmann

Nos relations avec nos parents sont quelque chose de difficile.

Quand on est adulte, ils ont forcément le souvenir de nous, enfant. Le reste de notre vie, on doit se confronter à cette persistence rétinienne que nous renvoie leur regard.

Après ces considérations philosophiques, pour en revenir à Toni Erdmann, le film retrace l’histoire d’une jeune femme et des ses relations avec son père.

Le père est un prof de musique, un peu excentrique, adapte du déguisement en société.

La fille travaille en tant que consultante pour un cabinet RH, en charge des restructurations (en gros, on l’embauche pour restructurer une entreprise, vire des gens, faire un contrat avec une boite qui fait la même chose, moins cher).

Et le décalage entre les deux personnages crée la dynamique du film.

L’humour est basé sur le malaise. Pour illustrer, je trouve le procédé proche de la série Platane d’Eric Judor. Le père ou la fille génère une situation qui met mal à l’aise un où plusieurs protagonistes. Elle peut aussi mettre mal à l’aise le spectateur. L’humour ne vient pas de la situation en elle même, mais des réactions, de la suspension ou la résolution de ce moment inconfortable.

C’est très analytique comme description, c’est un peu moins clinique sur pellicule 🙂 .

Le film, grossièrement, reprend le même thème que Dernier Train pour Busan.

Qui est un film d’horreur…

J’en suis conscient…

Ne me regardez pas comme ça, avec vos yeux ébahis…

Mais les deux films traitent du malheur et de la tristesse que génère la société froide et déshumanisée que génère le travail. Du coup, si c’est ce que ressent les allemands et les coréens, on va dire que c’est un problème de société au niveau international.

Parce que la jeune femme dans Toni Erdmann est triste, avec son boulot, sa sexualité, ses amis, tous froids, distants, basés sur des apparences. Elle est proche du personnage du père dans le Dernier Train.

Parce que le père voit sa fille devenir un robot avide de réussite égoïste, loin de l’enfant enjouée et empathique qu’elle était. Il est proche du personnage de la petite fille dans le film d’horreur.

En tant que film, sans faire de parallèle, la réalisation est simple et sobre. La réalisatrice arrive à nous donner une chronologie sans effet appuyés (il y a pas mal d’ellipses temporelles entre quelques scènes sans que ce soit déroutant).

Je ne dirai pas que c’est un « feel good » movie comme certaines critiques. Parce que le film étire ses scènes pour générer le fameux effet « malaise » et que ce procédé est très répété dans la structure du film. Au final, on est dans la salle pendant 2h42 alors que certaines scènes sont (à mes yeux) dispensables. Si on ne se concentre que sur les scènes touchantes et construite sur la relation père fille, le film aurait été peut être plus digeste.

Ca reste un bel objet de cinéma, qui mérite ses récompenses pour le message qui véhicule. J’ai bien aimé, mais j’ai préféré la version avec les zombies dans le train 🙂 .

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