Le Cœur Régulier
Je l’ai déjà dit dans ma vidéo, l’épisode de Mars de Pas (encore) Vus : je ne peux pas être objectif vis à vis de film.
Aller à l’avant première, échanger quelques mots et remerciements avec la réalisatrice, Olivier Adam, Isabelle Carré et Niels Schneider, ne va pas aider.
Le roman possède une portée assez forte sur moi. Il y a dans mon cœur ma sœur, le Japon. Dans le roman, l’héroïne s’appelle Sarah, ici elle s’appelle Alice. Comme la jeune femme qui m’avait fait découvrir Je vais bien ne t’en fait pas, une autre adaptation d’Olivier Adam, il y a quelques années.
Vanja d’Alcantara a visiblement été sous le charme de ce Japon rural, loin de l’imaginaire que nous renvoie Tokyo et les grosses mégalopoles nippones. C’est un peu comme si l’on résumait la France à Paris alors que notre pays offre d’autres paysages. Cette île japonaise est mise en valeur et, la première fois que l’on voit ces falaises, avec des strates de roches volcaniques rouges et noires, on imagine rapidement la mélancolie que dégage ces lieux.
Le film illustre des moments clés du roman. Il ne s’en détache pas, il est plutôt fidèle. Il prend le parti pris d’être sobre. Peut être trop. Il y a une économie de dialogue, supprimant la voix intérieure d’Alice/Sarah du roman.
On reste donc à l’extérieur, à notre place de spectateur. Et il m’a manqué, je pense, le chemin de la rage et la tristesse du quotidien au départ, vers l’apaisement de la fin. On a la seconde phase, mais pas vraiment le point de départ.
Cela vient de la douceur d’Isabelle Carré, mise à nue au sens propre comme au figuré, filmée sans artifice. Elle fait passer beaucoup de chose et on sent qu’elle s’est investie dans le rôle.
Le livre est une progression, le film est une errance. Il faut avoir lu le premier pour comprendre le second. Il reste une belle en image, très sobre, comme si l’on avait mis des illustrations dans le roman. Le film seul risque de laisser le spectateur sur beaucoup d’interrogations.