Victoria
L’année dernière Maestro m’avait fait repenser à mes cours de Théâtre parce que je comprenais les intentions des personnages/acteurs. Cette année c’est Victoria, dont la réalisation « en direct », me rappelle le mot d’ordre des mes talentueuses professeurs et metteurs en scène : « vivre le présent ».
Vous parler de ce film sans spoiler est important. Vous parler du film sans parler du tour de force technique serait absurde.
Pour l’histoire, je vais vous raconter un minimum : On y suit, en temps réel, la fin de nuit arrosée de Victoria, la jeune espagnole exilée à Berlin. Elle va rencontrer un groupe de jeunes allemands avec qui elle va passer du temps entre 4 heure et 6 heure du matin.
Ce genre de film m’a fait penser à « the Disappearance of Alice Creed » (que je vous conseille vivement si vous ne l’avez pas vu) : Tout peut arriver sans que l’on remette en question la cohérence… On est embarqué dans le trip et l’on suit le mouvement.
Et quel mouvement ! Le film est tourné sur un long plan séquence de 2h14. Je ne sais pas si c’est le plus long du cinéma, mais c’est assez éprouvant. Il n’y a pas un seul temps mort pour le spectateur, pas une coupe. On suit donc les événements comme Victoria.
Un plan séquence est un plan tourné en une seule fois. Vous pouvez en voir dans des films comme Les fils de l’homme (pas tout le film mais ceux qui sont présents sont mes préférés) ou plus récemment Birdman. Même si, pour ce dernier, il s’agit plutôt d’un habile montage que d’un seul plan unique comme c’est ici le cas. Il y en a d’autres dans l’histoire du cinéma, je vous invite à aller faire un tour sur Wikipedia.
Techniquement, pour le réalisateur, le caméraman et les acteurs, je n’ose imaginer le travail préparatoire. Je peux comprendre la pression pour les acteurs lorsque la prise touche à sa fin. S’il n’y a pas de coupe, il y a quelques astuces pour masquer les errances : l’ivresse supposée des héros, une musique ajoutée pour donner un peu de temps au spectateur de digérer les infos et les acteurs pour retrouver du rythme. Mais le résultat reste incroyable.
Ce n’est pas le premier film de Sebastian Schipper, qui a été acteur pendant de nombreuses années, mais je reste bluffé par l’idée et la maitrise de son film.
J’arrive après la bataille et je pense qu’il n’est plus beaucoup diffusé dans les cinémas à l’heure actuelle. Mais s’il passe près de chez vous ou si vous avez l’occasion de le voir (en DVD, Blu Ray, VOD) n’hésitez surtout pas.